jeudi 20 novembre 2014

GUERRE ET PAIX: Entre les peurs et le désir


Napoléon à Fontaineblau



GUERRE ET PAIX, au Théâtre de la La Bordée jeudi soir dernier, en la toujours et aussi joyeuse instructive compagnie du Loup Bleu. Une autre belle longue histoire qu’il est venu nous condenser en une heure et quarante-cinq minutes (sans entracte). Les quelques deux milles pages que contient ce roman épique publié en feuilleton entre 1865 et 1869, sont une création de Seigneur Lev Nikolaïevitch Tolstoï, elles ont en effet été passablement comprimées mais non sans jamais en avoir altéré le noyau. Etc''est tout à l'honneur de l'auteur, Louis-Dominique Lavigne et du metteur en scène, Antoine Laprise, deux manipulateurs hors-pair ! La pièce tient l'affiche encore quelques soirs, elle se termine ce samedi-ci...Courez-y !


Photo: L.L.


Pour l’avoir lu, qu’une seule fois, et vu dans sa version cinématographique (américaine), je puis écrire que le Loup Bleu m'a fait retrouver tout l’attachement que je porte à la littérature russe, celle que je lisais souvent les soirs d’hiver d'antan, avant que la fibre optique ne vienne prendre un peu trop de place dans ma vie de lectrice. Je ne me suis donc pas précipitée sur mes deux tomes en format poche pour les relire mais sur LA FUITE DE TOLSTOÏ, un excellent ouvrage du journaliste Alberto Cavallari, qui y relate les derniers moments d’une vie passablement bien remplie.



Photo: L.L.


Photo: L.L.


Photo: L.L.


Le livre traînait depuis quelques années sur le bureau de ma chambre, attendant bien patiemment qu’un événement quelconque survienne afin qu'il puisse être enfin lu au complet. Voilà, c’est fait. Je l’ai repris cet après-midi, il devait m’en rester le tiers à lire. Je me suis donc retrouvée  dans l’un des nombreux trains que Tolstoï a pris lors de cette fuite finale vers la mort. Le chapitre où je m’étais arrêtée m’emmenait à la fin d’octobre, puis vers novembre, un peu comme cet aujourd’hui teinté du paysage de givre dans mes fenêtres, ce temps de froidures hivernales qui commence à faire des siennes…



Photo: L.L.


Tolstoï qui s’est éteint dans la chair d'un jeune homme de 82 ans, Tolstoï qui s’en allait majestueusement vers sa mort physique et qui a écrit jusque à la fin, qui nous a donné de sa plus que brillante intelligence et dont nous avons encore eu le loisir d’en jouir en ce jeudi soir de novembre dans le théâtre magique qu’est celui de LA BORDÉE.


Photo: Nicola-Frank Vachon

En ces temps fous de scènes de guerre quasiment mondiale, celles du Loup Bleu, avec son épique et douloureuse bataille de Borodino qui y faisait s'affronter la Grande Armée de Napoléon et celle du général Koutouzov, aura valu à elle seule qu’on assiste à cette fresque tolstoïenne. Quel délire ! Les marionnettistes ont livré ici un véritable combat. Les éclairages, la musique, tout était parfait pour reconstituer ces gestes de grande cruauté humaine, car il s’agit bien d’humanité n’est-ce pas ? La mort du cheval en était une d’une tristesse à fendre les pierres et les cœurs…





Cette pièce fera partie de mon trésor théâtral personnel, c’en est une qui avec le temps prendra certainement une grande valeur. C’était ma troisième rencontre avec le Théâtre du Sous-marin jaune, la première fût LA BIBLE, et la deuxième, KANATA, UNE HISTOIRE RENVERSÉE. Dommage que j’aie perdu le texte de mes impressions de KANATA, c’est le seul qui se soit esquivé de mes ENVAPEMENTS par inadvertance, un clic de trop je suppose, mais je revois encore ces scènes inoubliables que créent avec minutie les grands manipulateurs de ces superbes marionnettes. Phénoménal est le don qu’ils possèdent d’activer avec autant d’art et d’adresse tous ces mots repêchés à même la résistance de leur coque, éclairés par la luminosité ingénieuse que nous offre son périscope.






Julie Renault, Paul Patrick Charbonneau, Jacques Laroche et Antoine Laprise (le Loup bleu), nous ont transportés dans les territoires lointains d’une époque qui nous rappelle drôlement la nôtre.
Le metteur en scène Antoine Laprise Il fallait entendre et sentir la chaleur des applaudissements à la fin pour se rendre compte que le spectateur aime bien se faire raconter des histoires, et surtout pas des pipes !






Parlant de pipe, je ne peux passer sous silence cet auteur de chez nous qui nous a donné, et nous livre encore, de belles et longues histoires de grands hommes. Victor-Lévy Beaulieu, qui a publié cet excellent ouvrage biographique combinant SEIGNEUR LÉON TOLSTOÏ d’un bord et SOPHIE ET LÉON de l'autre, une pièce de théâtre sur le célèbre couple russe.

Un extrait:



Photo: L.L.







Page facebook du Sous-marin jaune

Les autres magnifiques photos de Nicola-Frank Vachon


LA CAMPAGNE DE RUSSIE





Pour finir en musique, voici la finale de l'ouverture 1812 de Tchaïkovsky.





« Avant, j’étais directeur commercial dans une grande entreprise américaine mais désormais je suis retraité et citoyen français. Bien sûr, en France les 200 ans de la Campagne de Russie ne représentent pas un événement des plus joyeux, eux qui aiment répéter qu’ils n’ont pas été battus par les Russes mais par le froid extrême de cet hiver là. Cependant, lors de conférences, tout le monde s’entend bien sûr à dire que l’armée russe est la grande gagnante de cette guerre. »
Andreï Mousine-Pouchkine, 69 ans, descendant du major-général Ivan Mousine-Pouchkine

http://www.lecourrierderussie.com/2012/06/borodino-dans-le-sang/






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