dimanche 9 novembre 2014

PHOTOSENSIBLES: Fenêtres ouvertes dans la chambre noire




"I am depressed... without phone... money for rent... money for child support... money for debts... money!!!... I am haunted by the vivid memories of killings and corpses and anger and pain... of starving or wounded children, of trigger-happy madmen, often police, of killer executioners... I have gone to join Ken if I am that lucky." 

Kevin Carter
27 juillet 1994



Kevin Carter 




Une fleur au bout du fusil
La marche des hommes
La fin de la guerre
Le début d’un temps nouveau
La peur des vautours
L’enfant qui meurt de faim
Des bras autour d’une pierre
La chair des mines en éclat
L’illusion d’un baiser enflammé
Une rue en folie
Le risque de la vie,
La certitude de la mort





  Kevin Carter


There's a man that I used to know
And sometimes he still visits with me
When it's late and the alcohol's glow
Is nearly gone
And it's time to awaken

MAN IN THE MIRROR
Savatage









Il y a pas si longtemps, dans une ville loin de chez nous, on abattit un mur. On disait que la guerre froide était terminée. Vingt-cinq ans plus tard, un certain Gorbatchev dit : « LE MONDE EST AU BORD D’UNE NOUVELLE GUERRE FROIDE »… On se croirait en plein dans le 1984 d'Orwell ou encore dans LE MEILLEUR DES MONDES d'Huxley. Bien sûr, il y eut toute une fête pour célébrer la réunification des deux Allemagne, semblable à celle à laquelle les Berlinois ont assisté ce soir. Et des photos, prises par milliers, pour garder en souvenir ces instants impérissables de liberté soit disant nouvelle. Tous ces clichés, que le photographe présent entasse dans son appareil photo pour y bâtir la mémoire de ces moments uniques, en vaudront sans doute toujours la chandelle…mais à quel prix ?


Karine Blais
Photo: Presse canadienne



L’excellent PHOTOSENSIBLES de la VIERGE FOLLE nous en aura fait voir de toutes les couleurs avec leur cinq histoires passées à l’Histoire. Maxime Robin, le brillant metteur en scène, avec la collaboration complice de Noémie O’Farrell, n’en finissent plus de nous surprendre. C’est toujours un vrai suspens que d’assister à leurs créations festives autant que réfléchies. Jamais au bout de nos surprises. Ils ont d'ailleurs fait un clin d’œil à leur mystérieux VIANDE *, une pièce qu'ils avaient créée chez Premier Acte et que nous avions trouvée géniale. 


Maxime et Noémie

  
Tous les comédiens et comédiennes ont livré avec une émotion à fleur de peau les textes des auteurs que LA VIERGE FOLLE avaient conviés pour cet exercice littéraire; Roxanne Bouchard, Véronique Côté, Jean-Michel Girouard, Jean-Philippe Lehoux et Gilles Poulin-Denis, ont admirablement dépeint l’ombre et la lumière, l’ordre et le désordre, le blanc et le noir. Lise Castonguay nous a une fois de plus promenés dans les endroits secrets et lumineux de son immense talent, Noémie O'Farrell m'a tiré des larmes avec sa prestation des plus naturelles de la collègue de Karine Blais, son avancée spectaculaire dans le noir, une superbe idée, Guillaume Pelletier et Denis Harvey, magnifiquement beaux et hallucinants à voir jouer, deux belles découvertes, et Joëlle Bond, qui intervenait entre les histoires avec finesse et émotion, surtout à la fin lorsqu'elle parle de son père décédé. Et la chanteuse, dont le nom n'apparaît pas sur le programme, une vraie grâce. Bref, une autre excellente distribution. Et que dire de l'éclairage sinon qu'il était divinement parfait...5 étoiles.



Photo: Rich Lam


Les cinq photos primées, que nous avons tous vues un jour ou l’autre, soit à l’écran ou dans un imprimé, ont fait le tour (ou le détour) du monde, celui qui nous prétend encore humains, qui nous renvoie dans les recoins obscurs de ses quatre coins: rouges, jaunes, blancs et noirs...



Photo: Kelly Guenther New-York Times

Il fait souvent soleil lors des jours de grands drames, on n’a qu’à penser au matin du 11 septembre 2001, à New-York, là où il s'en est pris en masse de la photo mémorable, mais il pleut parfois aussi, et longtemps après, surtout dans les yeux de tous ces hommes et de toutes ces femmes qui, au risque de leur vie, ont vaincu la peur et la stupeur pour saisir l’instant présent, celui qui fait de vous un héros de guerre ou de paix. Qu’est-ce qui nous rend aussi vulnérables et tristes à la vue de toutes ces images, pas toujours saintes, sur lesquelles nous cliquons pour avoir le nom de l'auteur? Est-ce que le photographe sait ce qu’il se passera APRÈS, lorsque son épreuve paraîtra sur à peu près toutes les unes des presses mondiales et dans la plupart des sites internet ? PHOTOSENSIBLES nous a rappelé qu'il y avait encore de l'humanité avant tout devant les miroirs et derrière les murs...



Photo: Fabrizio Bensch (Reuters)

Berlin le 9 novembre 2014
25 ans APRÈS...


Et nous, qu’est-ce qu’on ne sait pas qu’on aimerait bien savoir ? On devrait peut-être retourner s'installer dans nos chambres noires pour y apercevoir le fantôme de la liberté, qui doit y errer encore....







  
PHOTOSENSIBLES
Conception: Karine Galarneau, Mykalle Josha, Keven Dubois, Noémie O'Farrell
Collaboration aux costumes: Sonia Pagé



Le fantôme de la Liberté ne fait qu'imiter le hasard il a été écrit en état de conscience; ce n'est pas un rêve ni un flot délirant d'images.

Luis Buñuel












3 commentaires:

  1. via facebook
    Merci Madame Langlois!
    Maxime Robin, le 10 novembre 2014

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  2. via facebook le 10 novembre 2014
    merci Louise! Toujours intéressant de vous lire ;-) xx
    Noémie O'Farrell

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  3. via facebook le 10 novembre 2014
    Merci!!! C'est vrai que c'est un automne assez intense pour moi!!!! Mais chaque projet est tellement différent que j'ai un peu l'impression de voyager! J'espère que vous apprécierez tout autant Mes enfants n'ont pas peur du noir.On travaille très fort pour ça! Au plaisir!
    Lise Castonguay

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