vendredi 14 novembre 2014

VANIA: Les montagnes russes de la patience

Photo: Le Trident


Ce soir, Vania. Au sortir de la représentation, nous croisons une vieille dame qui avance lentement avec sa canne. Elle a apprécié sa soirée avec nous. Au détour d'une phrase, nous apprenons qu'elle ne sort plus de chez elle que pour aller au théâtre. L'honneur est grand.

Vendredi le 14 novembre 2014
Hugues Frenette via facebook




ONCLE VANIA / L'EXCURSION AU MONT D'OR

Oh coquin de sort
Main pourrie de mort
Main pourrie, la tête et l'ennui
Main pourrie
Qui suis-je, dieu dis
Une pieuvre, du gui
Quelle haine pour ton Tennessee
Oncle Vania

Oui tu m'interdis
De refaire ma vie
Pour une excursion au Mont-d'or
Je sais que j'ai eu tort
Au fil du lendemain
Nous verrons demain
C'est un rendez-vous baladin
Oh je sais bien

Torez parti,
Bakounine aussi
Condamné à ma pauvre vie d'aéroport
Oncle débile
Oui tu m'interdis
De refaire ma vie
Pour une excursion au Mont-d'or
Je sais que j'ai eu tort

Oh comment souffrir
Sans faire de bruit
Dans ce putain d'aéroport
Oncle débile

Jean-Louis Murat



Forêt russe




VANIA sur les planches du Trident, entouré de sa jolie forêt animée et de ses gens torturés, amoureux, qui s’ennuient à vivre…Le samovar sur la grande table, c’est l’heure du thé, c’est l’heure de boire pour les siècles à venir…Un orage dans la nuit, des bruissements de feuilles, de la salive autour des désirs, des grandes chaleurs, des pas perdus…Des coups de feu dans le cœur de l’homme et de sa forêt…On la coupe, on la rase, on la dénude, les animaux qui y vivaient s’en vont ailleurs mais pas Vania, ni Sonia, ni Maria, ni Illia, ni Marina, ni Mikhaïl, ils attendent dans la paix de l’ennui que le printemps revienne après le long hiver, tout comme celui de Québec, Kamouraska et Gaspé…Ainsi, leurs amours auront peut-être moins mal aux dents…





1897



Tout ce bois sur le plancher muet respirant à fond à l’écran, magnifique scénographie de Michel Gauthier qui nous a enfermés à clef à même la maison-donjon de ces bons mourants. Il y avait là des messieurs fort en forme...

Hugues Frenette ne déroge pas à sa renommée, toujours aussi intense, juste et bon, il ne nous déçoit jamais, on peut en dire autant de Jean-Sébastien Ouellette, avec quel mordant il a interprété son Astrov, et cette langue qu’il maîtrise si bien, et que dire de Jacques Leblanc, de cette passion qui l’anime, que ce soit en tant qu’acteur ou directeur, et Normand Bissonnette, qui a un rôle plus effacé mais non moins impeccable, un vrai bonus que de les voir tous quatre ensemble. À leurs côtés, la présence essentielle des dames...

Claudiane Ruelland et Alexandrine Warren, qui incarnent avec brio la jeunesse de la pièce, nous offrent une prestation aérienne, empreinte de noblesse oblige; leurs aînées, Véronique Aubut et Denise Verville ajoutent une touche d’humour aux situations qui engendrent les éclatantes chicanes de la discorde passagère ce qui donne parfois lieu à une rixe de jars pour la belle oie...;-) mais je préfère les jars russes aux chars russes...






Marie Gignac, qui signe cette illustre mise en scène, nous fait entrer dans l’univers particulièrement tragico-comique de Tchékov par qui tout et rien arrivent en même temps. Elle nous préparait pour notre prochaine pièce, le lumineux et ingénieux GUERRE ET PAIX du Loup Bleu. Quelle magnifique saison russe avons-nous cet automne...Tchékov disait:


« Je crains la mort de Tolstoï […] Tant que dans la littérature il y a un Tolstoï, cela est facile et agréable d'être un littérateur; même la conscience de n’avoir rien fait ou de ne rien faire n’est pas si terrible, car Tolstoï fait pour tous. Son travail est l’accomplissement de tous les espoirs et de toutes les attentes, que l'on peut placer dans la littérature. »






Merci messieurs dames pour l’intéressante causerie de ce vendredi du 7 novembre, ce fût un réel plaisir que de vous entendre nous parler de ce qui vous tient le plus à cœur. Sachez que c’est toujours avec amour que nous assistons à vos différents spectacles et j’espère bien, comme la vieille dame avec sa canne, être des vôtres encore pour très longtemps. 


« Aviver le feu, c'est injecter à nos vies de la passion et de la fulgurance. Aviver le feu, c'est augmenter la température sur scène et vous livrer des œuvres au contenu fort et pertinent, portés par des metteurs en scène avides de prendre la parole et des artistes inspirés. »

Anne-Marie Olivier






La dernière réplique...

« Nous nous reposerons ! Nous entendrons les anges, nous verrons tout le ciel constellé de diamants, et nous verrons le mal terrestre, toutes nos souffrances se noyer dans la charité qui remplira le monde entier, et notre vie deviendra douce, tendre, légère, comme une caresse. Je crois, je crois… Nous nous reposerons ! Nous nous reposerons ! »

***

Photos extraites du spectacles, gracieuseté du Trident.









Je ne peux passer sous silence le travail magnifique de Marius Dubois qui exposait à la galerie du Grand Théâtre. Beaucoup de couleurs, de chaleur et de beauté.




POUR SUIVRE LES ACTUALITÉS RUSSES



VANIA


Conception

SCÉNOGRAPHIE: Michel Gauthier
COSTUMES: Maude Audet
ÉCLAIRAGES: Caroline Ross
MUSIQUE: Stéphane Caron 
VIDÉO: David Leclerc
MAQUILLAGES: Marie-Renée Bourget Harvey








Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire